Voilà, nous sommes rentrés en France. Nous avons quitté Séville, ses trente degrés Celsius, l’ambiance euphorique qui précède le lancement de la Feria, les palais maures aux arabesques si fines et aux carreaux de céramique si colorés.
Nous avons pris l’avion pour nous élever au dessus de l’Andalousie qui nous a tant éblouis. Pas de dernier au revoir à la mer ou à l’océan, cap nord est vers Lyon. Un spectacle de plus : le soleil se dissimule petit à petit entre les nuages, jusqu’à disparaître totalement à l’horizon, laissant comme simple souvenir une teinte rose qui s’estompe elle aussi peu à peu.
Magnifique coucher de soleil qui me rappelle celui, quelques jours auparavant, que nous avions admiré sur la petite plage de la vieille ville de Cadiz. Une mer agitée par le vent qui soufflait sans arrêt depuis trois jours. Nous étions passé à travers les averses, avions combattu l’océan avec un château de sable, discuté avec une mexicaine et une canadienne venues de Madrid passer le week-end sur la côte. Et voilà que le soleil décidait de plonger, nimbant la plage de sa douce lumière orangée. Chaque grain de sable semblait reluire, mis en valeur par cette lumière qui avait l’air de dire à tout ce qu’elle caressait « Tu es là, présent, tu existes à mes yeux ». J’étais émerveillée de ce spectacle, de cette fleur rose posée sur la plage, des silhouette s’embrassant, ombres chinoises sur le couchant. Nous étions présents nous aussi, c’était Cadiz.
Retrouvailles avec la famille, traversée d’un bout de France pour retrouver la maison. Oui c’est la France, mais c’est beau ! Le vert tendre du printemps qui se réveille juste, le soleil malhabile qui n’est pas encore sûr qu’il faille chauffer de toute sa force. Et la route vers la maison. La même route que pour revenir du lycée ou de la gare. La même route empruntée cent fois. Retour dans le Sud après un trimestre de cours, un grand voyage ou une année à l’étranger. La même route à chaque fois. La même route que fin janvier. La même route qu’hier ? On dirait bien tant si peu de choses ont changé.
Et pourtant, j’ai traversé l’Espagne, j’ai vécu dans plein d’endroits, dormi dans plein de lits, partagé plein de voitures. J’ai rencontré des personnes, parlé espagnol, anglais, français, trois mots de norvégien, deux d’arabe et un d’hébreu. J’ai cueilli des oranges, ramassé des amandes, taillé des oliviers, arraché des ronces et des mauvaises herbes. Je me suis baignée dans un lac et dans l’Océan Atlantique.

J’ai été serveuse et j’ai gardé un chien. J’ai porté mon sac de longues heures durant. J’ai randonné dans des montagnes, sur des côtes, au bord de lacs. J’ai ri, j’ai pleuré, je me suis émerveillée. A de nombreuses reprises, j’ai été époustouflée de la beauté des bâtiments, des villes ou des paysages devant mes yeux. Je me suis réjouie de la chance que j’avais. J’ai vécu. Alors, ces trois mois, toutes ces expériences, toutes ces sensations, peuvent-elles vraiment être effacées si vite, par ce paysage que j’ai vu tant de fois ?
Non, elles seront toujours là en moi, leur puissance s’estompera peu à peu pour ne laisser que la trace lumineuse d’une dernière photo, qui ne ressemble d’ailleurs à aucune de celles capturées par l’appareil, parce qu’elle rassemble le souvenir, la sensation et l’imagination. Les anecdotes des jours passés en Espagne remontent au gré des discussions. Le plaisir de partager les découvertes d’un voyage est puissant. Et les questions sur la suite affluent.
Et maintenant ?
Alex est en recherche de travail. Je pars demain vers Taizé rejoindre en tant que volontaire un lieu et une communauté qui me tiennent à cœur. Nous prévoyons toujours de poursuivre notre voyage, après l’été, en direction de l’Amérique du Sud. Ou de l’Asie du Sud-Est. En fonction des opportunités. Ou du vent. Ou plutôt du cœur. Parce que nous voulons encore découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles manières de faire et de voir les choses. Nous voulons apprendre et expérimenter. Nous voulons vivre !
4 commentaires sur “Après trois mois en Espagne”
Alors, bienvenue en France! Le voyage est toujours présent dans le coeur du pèlerin, qu’il chemine sur des routes étrangères ou sur les chemins bien connus de son pays…
Que la Vie et le Coeur vous mènent ! Bisous de Corinne et sa maisonnée de Digne
Très joli post, qui te ressemble complètement, et qui donne vraiment envie que tu prennes le temps de coucher par écrit tout ton vécu … pour partager comme tu sais si bien le faire !
Et si la route reste la même , les personnes que tu y rencontres et ce que tu es changent à chaque passage !
Au prochain voyage !
ps les photos d’Alex méritent des agrandissements !
Fin d’une aventure et la promesse d’une autre, ces phases de transition sont vraiment riche en émotion. C’est la rencontre entre la nostalgie des derniers instants vécus et l’excitation de repartir de nouveau !
Je viens de tomber sur ton blog qui m’a interpellé, par contre j’ai tilté sur la date du dernier article. Où en êtes vous aujourd’hui ? Un nouveau départ est prévu ?
Bonjour Charly, merci pour ton commentaire ! A notre retour en France, nous avons été très occupés et avons saisi d’autres opportunités … Londres, Prague, la France de nouveau. Je suis en train de repenser le but du site alors n’hésite pas à nous dire ce que tu penses !